Hall of Fame 2009 : Charles Barkley

Meilleur scoreur de la « Dream Team » en 1992 à Barcelone, Charles Barkley reste l’une des figures majeures de l’âge d’or de la NBA.

Six ans après avoir mis un terme à sa carrière chez les Sixers, « Sir Charles » fait toujours parler de lui. Sur le banc de la franchise de la capitale où il officie comme Head Coach depuis sa retraite sportive.

À désormais 46 ans, le bonhomme a bien changé. Joueur fantasque et grande gueule du temps de sa splendeur, celui que l’on surnommait « Round mound of rebound » demeure une bête de scène, un animal médiatique. « Sir Charles » a pris quelques pounds, évidemment, mais son caractère jovial, son franc-parler, son leadership, ses tactiques de jeu mises en place et ses analyses techniques sans concession lui valent toujours une cote très élevée dans le paysage NBA.

Dix-neuf ans de carrière, deux titres de champions NBA, autant de titres olympiques, un titre de MVP obtenu chez les Suns en 1993, 11 sélections au All-Star Game ou encore un titre officieux de plus grand joueur de l’histoire des Sixers, entre autres, ont permis à « Sir Charles » de faire partie de la première cuvée intégrant le Hall of Fame d’Hannibal en cet été de 2009.

Formé chez lui, à Auburn, en Alabama, Barkley n’était pas un géant. Annoncé 6-6 (1,98 m), il était pour beaucoup plus proche de 6-4 (1,93 m). Ça ne l’a jamais dissuadé d’aller jouer des muscles en power forward, d’être élu Player of the 1980’s Decade dans la Divison  SEC et d’emmener son université à sa première March Madness de son histoire en 1984.

Si Barkley a connu son pic individuel avec Phoenix, c’est à Philadelphie qu’il débute (et finira) sa carrière, aux côtés de « Dr. J », et Moses Malone (qui deviendra son mentor), puis de Shaquille O’Neal et Terrell Brandon (tout jeune retraité). Barkley sortait de la draft 1984 (5e choix) comme un certain Michael Jordan qui lui fit souvent des misères par la suite. La carrière NBA de Barkley commence discrètement avec une saison rookie à 14,0 points et 8,6 rebonds en 28 minutes, bien loin des superstars que sont Hakeem Olajuwon et surtout Michael Jordan. Barkley finira en All-Rookie First Team, les deux autres au All-Star Game et dans la course au MVP dès leur saison rookie. En 1985, les Sixers disputent une finale de Conférence contre Boston. Défaite en cinq matches. Après le retrait progressif des vétérans Erving et Malone, Barkley va de déception en déception ponctuées très souvent d’éliminations au 1er tour des playoffs. Quelques pétages de plomb, un crachat sur une jeune fille qui fit le tour du pays, une sale histoire avec une bagarre tragique à la sortie d’une boîte de Milwaukee et Barkley prend la décision de quitter la cité de l’amour fraternel, à quelques semaines des Jeux Olympiques de Barcelone. Il trouve refuge à Phoenix qui vient de construire sa nouvelle salle, l’American West Arena. Les Suns n’ont qu’une ambition : remporter leur premier titre NBA après 4 saisons à 53 victoires ou plus et deux finales de conférence perdues. Barkley est censé être la pièce manquante du puzzle déjà composé de Cedric Ceballos, Dan Majerle ou Kevin Johnson.

Après un été de folie avec la « Dream Team » (or olympique et meilleur marqueur du tournoi), Sir Charles explose les compteurs dès sa première saison dans l’Arizona. Barkley confirme là qu’il adore les premières. Avec une moyenne de 25.6 points et 12.2 rebonds, il met la main sur le trophée de MVP de la Ligue en mai 1993. L’ailier des Suns termine 5e meilleur scoreur NBA et 6e meilleur rebondeur avant de livrer une campagne de playoffs intense avec 26.6 points et 13.6 rebonds par match. Lors de la finale de la Western Conference, il assène 44 points aux Seattle Supersonics d’un Shawn Kemp dépassé dans le Match 7, plus 24 rebonds pour corser l’addition ! Barkley a pris rendez-vous avec Michael Jordan pour ce qui restera l’une des plus grandes Finales de toute l’histoire de la NBA. Certes, les Bulls finissent par mater Phoenix (4-2) mais Barkley est absolument royal avec 27,3 points, 13,0 rebonds et 5,5 assists de moyenne sur la série.

Des problèmes de dos récurrents perturbent son année suivante. Il ne joue que 65 matches. Le MVP 1993 songe même à mettre un terme à sa carrière. Les Suns l’en dissuadent. Il revient à la charge en playoffs mais les Rockets, futurs champions, mettent fin à l’aventure de Phoenix en demi-finales de Conférence, en 7 matches. Barkley tourne toujours au super. La preuve : en 1994-95, il met les Trail Blazers au supplice lors du 1er tour avec une moyenne de 33.7 points et 13.7 rebonds et un sweep retentissant. Une nouvelle fois, les Rockets – en mode back-to-back – mettront un frein aux ambitions des Suns. Barkley termine blessé.

La Fantasy Draft arrive pour rebattre les cartes. Barkley a 32 ans, est encore All-Star et All-NBA Second Team. Mais son dos et son âge rebutent les GMs. Les Sixers le sélectionneront finalement avec le 28ème choix du 2ème tour. 56 joueurs sont sélectionnés avant le Chuckster, une hérésie pour un joueur si talentueux. Et Sir Charles ne va pas se gêner pour le montrer : 17,6 points, 9,3 rebonds, une place au All-Star Game, une autre en All-NBA First Team. 55 victoires pour Philly, mais une élimination en demie contre les Hornets. Rebelote l’année suivante, avec une élimination dès le premier tour, au Game 7, à domicile et contre Charlotte à nouveau. Pire encore, les Sixers manqueront les playoffs en 1997-1998 malgré 42 victoires. Incapable de tirer le meilleur d’une franchise composée pourtant de David Wesley, Charles Barkley, Clarence Wheatherspoon et Shaquille O’Neal, Romshot prend la porte pour laisser place à un nouveau visage en la personne de TonyPop. Ce dernier redonnera confiance à l’effectif, et ramènera deux joueurs extérieurs de talent : Toni Kukoc et Terrell Brandon. Les réglages portent leurs fruits, et les Sixers terminent avec le meilleur bilan de la Ligue avec 67 victoires. C’est leur deuxième meilleur bilan All-Time. Derrière un Shaquille O’Neal stratosphérique, MVP de saison régulière et DPOY en bonus, ils vont rouler sur la Conférence Est : Les Wizards au premier tour ? Sweep. Les Pacers au second ? Sweep. Les Raptors de Duncan et Kobe ? 4-1. Les Scorpions, pourtant auteurs d’une saison à 65 wins ? 4-2, sans que le vainqueur final ne sois vraiment remis en question. A maintenant 36 ans, Charles Barkley a réussi à obtenir la seule récompense qui manquait encore à son immense palmarès : la bague NBA. Il n’est plus qu’un role player (9,5 points et 6,0 rebonds sur ces playoffs), mais il l’a fait, et qui plus est dans la franchise qui l’a drafté. Une belle manière de boucler la boucle.

Enfin la consécration pour le Chuckster !

Après ce titre, on aurait pu penser que ce serait la fin pour le tout nouveau bagué. Il n’en est rien, et Sir Charles rempile à l’intersaison 1999 pour 8 millions sur 2 ans. Bien lui en as pris, car les Sixers vont continuer à rouler sur la Ligue. Toni Kukoc parti à Dallas, c’est Jon Barry qui reprends le flambeau et qui équilibre encore plus l’équipe. Le cinq majeur composé de Terrell Brandon, Jon Barry, Clarence Wheatherspoon, Charles Barkley et Shaquille O’Neal va réaliser le meilleur bilan de la conférence Est avec 64 victoires (heureusement pour les adversaires qu’il y avait quelques problèmes de blessure chez les Sixers). Les playoffs tourneront une fois de plus à la démonstration. Les Celtics de Kobe, les Knicks d’Iverson et les Raptors de Duncan ne prendront que 4 matchs en 3 tours. Les Lakers, sortis vainqueurs à la surprise générale de l’Ouest ? Ils sauveront l’honneur en gagnant un match à la maison, mais n’empêcherons pas le back-to-back des Sixers. Charles Barkley ajoute un second titre à son palmarès gargantuesque. Euphorique, Barkley continuera l’aventure. Mais à 37 ans, son physique commence à le rattraper, et une blessure au dos lui fera manquer la moitié de la saison. Son impact n’est plus le même, et il ne jouera que 4 matchs en playoffs. Il manquera cruellement à Philadelphia, contraint de lancer Lawrence Funderburke en remplacement du Chuckster. Toronto mettra fin aux rêves de threepeat de Tony et des siens en finale de conférence. La fin du rêve à sonné pour les Sixers, qui échangeront Shaquille O’Neal un peu plus tard. Quant à Charles Barkley, il fera encore quelques saisons à 10 minutes maximum de moyenne avant de prendre sa retraite bien méritée à 40 ans et après 19 saisons professionnelles.

Shaq et Charles au All Star Game 1996

Mais Sir Charles ne mettra pas longtemps à rebondir. Dès sa retraite, Psychobrook, alors GM des Wizards, décide de le contacter pour un poste d’Head Coach. Apaisé avec ses deux titres et avec la sagesse et l’expérience accumulée, le défi plait beaucoup au néo-retraité, qui va signer un contrat de 5 ans. Dès sa première saison sur le banc des Wizards, il va créer une alchimie autour de ses trois stars Sam Cassell, Elton Brand et Jamal Mashburn, secondés dans le cinq majeur par Theo Ratliff et Ruben Patterson, et sur le banc par Shandon Anderson, Greg Anthony, Austin Croshere, Rodney Rodgers, Horacio Llamas, Rex Walters et Cedric Willoughby. De piteux éliminé au premier tour en 2003 avec un bilan tout juste à l’équilibre, Washington va devenir une des meilleures équipes de la Ligue et la meilleure de la Conférence Est avec 52 victoires ! Ce qui vaudra à Coach Charles le titre de Coach of the Year dès sa saison rookie ! Le Chuckster devient le tout premier joueur à cumuler MVP de saison régulière et Coach of the Year. Mais les Knicks de Ray Allen seront trop forts pour la troupe de Chuck, sortie 4-3 en demie de conférence. Depuis, Sir Charles est toujours en poste du côté de Washington, mais il continue de mener son équipe à un bilan équilibré et ne semble pas menacé à court terme par sa direction.

Avec du recul, la carrière de Charles Barkley est magnifique : 2 titres NBA (1999 et 2000), 2 titres Olympiques (1992 et 1996), 11 fois All-Star, 6 fois All-NBA First Team, 6 fois All-NBA Second Team, une fois All-NBA Third Team, Coach of the Year 2004, déjà intronisé au Hall of Fame en tant que membre de la Dream Team. Il est devenu une icône à Philadelphie, ville où il a disputé 16 saisons. Il en est le deuxième scoreur avec 20 378 points (devancé par Hal Greer et ses 21 586 points en 1 122 matchs). Le deuxième rebondeur avec 10 792 rebonds (devancé par Dolphes Schayes et ses 11 256 rebonds dans une NBA préhistorique). Le 3ème passeur avec 3 315 assists (derrière Mo Cheeks et Hal Greer). Le 3ème intercepteur avec 1 291 steals (derrière Mo Cheeks et Julius Erving). Le 3ème contreur avec 709 blocks (derrière Julius Erving et Caldwell Jones). Mais surtout, il est le joueur à avoir le plus porté le maillot des Sixers avec 1 203 matchs au compteur. En playoffs ? Il est le deuxième au nombre de matchs joués avec 118 matchs (derrière Dr J), 5ème au nombre de points marqués (derrière Dr J, Hal Greer, Dolphes Schayes et le Shaq), 2ème au rebond (derrière Wilt Chamberlain), 4ème à la passe (derrière Erving, Cheeks et Greer), 3ème au steal (derrière Erving et Cheeks), 5ème au contre (derrière Erving, Caldwell Jones, Darryl Dawkins et Bobby Jones). La statue est annoncée pour 2010. En attendant, il va falloir motiver les troupes. Avec cette intronisation au Hall of Fame, Charles Barkley met un point final à sa carrière de joueur. Mais, entouré de Derrick Rose et Danny Granger, il va repartir à la conquête du Larry O’Brien Trophy. Sa carrière de coach ne fait que commencer !

Charles Barkley lors de l’inauguration de sa statue à Auburn, son ancienne université

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