Hall of Fame 2010 : Nick Van Exel
Il était un des meneurs les plus flashy des années 90. A son arrivée dans la ligue en 1993, Nick Van Exel paraissait trop petit (1m85) et trop gringalet pour réussir. Surtout chez les Lakers de Los Angeles marqués par le départ à la retraite de Magic Johnson.
Et pourtant, petit à petit, le natif de Kenosha, une humble bourgade du Wisconsin très loin des paillettes d’Hollywood, réussira à se faire une belle place en NBA au point d’en devenir l’un des meilleurs meneurs. Van Exel sera avant tout reconnu comme l’un des meneurs les plus spectaculaires de la ligue.
Mais surtout, ce qui impressionne chez celui qu’on surnomme désormais « Nick The Quick », c’est sa vitesse d’exécution et son imagination sur jeu libre. La contre-attaque est son domaine de prédilection car il peut laisser libre-cours à son sens de l’improvisation pour des finitions acrobatiques et carrément insensées parfois. Et puis, le minot n’est pas le dernier pour prendre le tir de la gagne. Un sacré caractère et même parfois une tête brûlée quand il tape un arbitre en 1996 !
Parfois effronté, Van Exel se sent en fait incompris. Rien n’a été facile dans la vie pour Nick le gaucher. Elevé par sa mère, il doit quitter le Wisconsin pour le Texas (au Trinity College, là où est passé Shawn Kemp quelques mois avant lui) avant de terminer son cursus universitaire à Cincinnati. Il sera finalement drafté en 37e choix… du deuxième tour en 1993. Un sacré coup de bambou.

A force de travail et de persévérance, Van Exel va gagner ses galons de titulaire à LA en mettant sur le banc Sedale Threatt, pourtant auteur d’une saison à 15 points et 7 assists. Il va justifier la confiance de son coach Randy Pfund en signant 23 points (9/13) et 8 assists dès son premier match dans une victoire contre les finalistes NBA en titre, les Phoenix Suns. Pour ne rien gâcher, il met le public angelino dans sa poche au passage avec sa vista et ses gestes improbables. Le magicien des parquets, avec ses départs croisés, annonce d’une certaine manière l’arrivée prochaine de joueurs de la trempe d’Allen Iverson, des petits nerveux qui mettent leurs tripes sur le parquet pour tenir dans cette ligue de golgoths.
Dans le marasme des Lakers qui finiront à 33 victoires avec 3 coachs différents, Nick Van Exel est la principale satisfaction des fans angelinos avec une saison à 13,6 points et 5,8 assists ainsi qu’une sélection en All-Rookie Second Team. Derrière Penny Hardaway, Isaiah Rider, Jamal Mashburn, Chris Webber et Vin Baker, excusez du peu.
Nick The Quick confirme lors d’une saison sophomore de très bonne facture à 16,9 points et 8,3 assists, ce qui fait de lui le 6ème meilleur passeur NBA. Mais surtout, les Lakers du nouveau coach Del Harris, renforcés par l’arrivée de Cedric Ceballos, All-Star avec 21,7 points de moyenne, retrouvent l’odeur des playoffs. Et l’odeur des playoffs, ça excite le meneur des Lakers.
Au premier tour, les joueurs de la cité des anges retrouvent les Seattle Supersonics du duo Payton/Kemp. Ces derniers ont même l’avantage du terrrain. Pour ses premiers playoffs contre le meilleur meneur défensif de la Ligue, Nick The Quick va sortir une série magnifique à 24,8 points (50% au tir) de moyenne. Son Game 4 pour sortir les Sonics est monstrueux : 48 minutes, 34 points (13/23), 9 assists, 6 rebonds. Les Lakers remportent leur première série de playoffs depuis le départ à la retraite de Magic.

Sa demie contre les Spurs, meilleur bilan de la Ligue, est un peu plus compliquée : 16,8 points et 8,8 assists de moyenne. Il va être malmené par la défense texane comme l’atteste son Game 6 conclu à 2/13. Los Angeles se fera sortir en 6 manches, mais la Ligue a appris à connaitre Nick Van Exel, qui au sortir de sa saison sophomore fait partie des meneurs les plus excitant et talentueux de la Ligue.
Cette impression sera confirmée dès le mois de juin 1995. Avec la refonte de la Ligue et la Fantasy Draft qui a suivi, le microcosme NBA a pu voir la côte dont bénéficiait le meneur de poche. Mastev, GM des Minnesota Timberwolves, le sélectionnera en 10ème choix du 2ème tour. De 37ème choix de la Draft 1993, il passe 39ème choix de la Fantasy Draft, devant des joueurs comme Charles Barkley, Vin Baker, Derrick Coleman, Rod Strickland, Isaiah Rider ou Toni Kukoc, un pas en avant monumental.
Dans le Minnesota, Nick Van Exel va faire équipe avec Jerry Stackhouse, rookie qui sera élu en All-NBA Second Team dès sa première année. Mais derrière, Voshon Lenard, Bryant Reeves, Felton Spencer ou encore Vinny Del Negro ne suivent pas. Malgré une belle saison individuelle à 14,5 points et 7,1 assists (6ème meilleur passeur NBA), les Wolves finiront loin des playoffs.
La saison 1996-1997 est plus compliquée pour le meneur de 25 ans. En effet, Mastev a jeté son dévolu sur Steve Nash à la Draft 1996, décalant régulièrement Nick Van Exel au poste d’arrière. Trop petit, trop frêle physiquement pour ce poste, Nick The Quick ne va pas trouver sa place dans le roster des Wolves, qui finit 5ème de la Conférence Ouest, et se contentera de 12,5 points et 6,8 assists. Il dégoupillera en février en tapant un arbitre dans une blowout subit contre les Cavs. Ses playoffs contre les Warriors seront à l’image de sa franchise et dans la lignée de sa saison régulière, catastrophiques : 11,0 points à 33% au tir et 7,8 assists. Les Wolves se feront sortir sèchement en 5 matchs.

Sur le terrain, la mayonnaise ne prend pas, mais en coulisses, c’est encore pire. Le torchon brûle entre le meneur et son GM, et lui reproche son manque de confiance avec la Draft de Steve Nash. Le mauvais début de saison 1997-1998 et l’ambiance délétère dans le vestiaire des Wolves pousse Mastev à se débarrasser de sa tête brûlée. Nick Van Exel sera échangé en cours d’exercice en direction des Toronto Raptors contre du cap et deux picks lointains. Une aubaine pour Guigui et sa franchise. Après avoir récupéré le first pick des Draft 1996 et 1997, respectivement Kobe Bryant et Tim Duncan, il récupère presque gratuitement son meneur titulaire pour quasiment une décennie contre trois fois rien.
Nick Van Exel renait presque immédiatement chez les Raptors. En 3ème option, il tourne à 18,2 points et 8,9 assists sur la quarantaine de matchs joués sous ses nouvelles couleurs. Pour la première série de playoffs de l’histoire de Toronto, Nick Van Exel va s’amuser contre le Heat : 15 points et 11 assists de moyenne, et le show des canadiens domine assez aisément Miami, battu 4-2 au premier tour. En demie, l’expérience des Bulls et du meilleur meneur de la Ligue Penny Hardaway va faire exploser Toronto, qui s’arrête au deuxième tour après une défaite 4-1 contre le futur finaliste NBA.
La saison 1998-1999 aurait dû être celle de l’affirmation pour Nick Van Exel, mais ce ne sera pas le cas, notamment à cause du duel d’ego avec son compère du backcourt Kobe Bryant. Les deux veulent la balle en main, et Kobe a une sale habitude de croquer et de confisquer la balle. Grâce à Tim Duncan, Toronto progresse dans la hiérarchie de l’Est et monte sur la dernière marche du podium.
Mais le backcourt pose clairement problème. Nick Van Exel est limité à 12,5 points et 7,6 assists (5ème moyenne NBA). Kobe à 17,9 points. Les playoffs vont confirmer le malaise. Si Toronto parvient à passer l’obstacle Pistons (4-2 au premier tour), la demi-finale offrira un remake de la saison passée contre les Bulls de Penny. Nick Van Exel traverse la série comme un fantôme à 7,8 points et 8,6 assists de moyenne, mais les Raptors prennent leur revanche en 7 matchs grâce à un Tim Duncan à près de 30 points de moyenne et une claquette au buzzer de Walt Williams au Game 3. Contre les Sixers, le roster explose. Van Exel et Kobe manquent de peu d’en venir aux mains dès le Game 2, le premier reprochant au second de monopoliser la balle pour concurrencer au scoring Shaquille O’Neal sans réussite. La première finale de conférence de l’histoire tourne à la débâcle pour les canadiens, défaits 4-1 par les futurs champions.

En 4 saisons, Nick Van Exel va se prendre la tête avec ses deux coéquipiers du backcourt, Steve Nash et Kobe Bryant. Mais là où Mastev a décidé de sacrifier son meneur, Guigui lui envoie une énorme marque de confiance en envoyant Kobe Bryant aux Celtics en échange d’Allan Houston et Glenn Robinson.
A l’entame du 21ème siècle, le meneur de 28 ans a enfin les clés du camion d’une franchise. Et il va rendre la confiance de son GM avec de belles moyennes de 16,6 points et 8,8 assists par match. Il est le meilleur passeur de la Ligue pour la première fois, et sera convié pour la première fois également au All-Star Game. Les Raptors finissent encore avec le 3ème bilan de la Conférence Est, et Nick Van Exel est nommé en All-NBA Second Team.
Ses playoffs seront excellents. Après un premier tour en guise d’apéritif contre les Pistons (encore eux), battus 4-1, Toronto retrouve pour la 3ème fois de suite les Bulls. Malgré une faible production statistique, Nick Van Exel fera enfin une très belle demie en gênant en défense Penny, en mettant en position ses artilleurs de scorer, et en étant clutch quand son équipe en a besoin (un énorme 3+1 pour reprendre la tête et 3 points d’avance à 20 secondes du terme au Game 2), et les Raptors s’imposent facilement 4-1.
En finale de conférence, c’est l’heure de la revanche contre les maintenant champions en titre. Toronto ne fera pas le poids contre le Shaq dans son prime, qui tournera à 41 points de moyenne sur Tim Duncan, Dikembe Mutombo, Vlade Divac et Elden Campbell. Toronto devra de nouveau s’incliner 4-1, mais Nick Van Exel aura brillé sur cette finale de conférence avec 19,2 points et 12,2 assists de moyenne.

La saison suivante est dans la même lignée. Les Raptors vont passer 2ème de l’Est, Nick Van Exel est à nouveau All-Star, All-NBA Second Team et meilleur passeur de la Ligue. Le meneur délaisse le scoring pour s’occuper de nourrir ses artificiers, et ça paye.
Après une saison régulière gérée d’une main de maître, les Raptors vont disposer très facilement des Bucks puis des Hornets, 4-1 à chaque fois, pour retrouver pour une troisième fois de suite les Sixers en finale de conférence. En face, le Shaq est toujours aussi énorme avec 45 points de moyenne sur la série. Mais autour, Jon Barry et Terrell Brandon vieillissent, et Charles Barkley n’est plus que l’ombre du joueur qu’il était. Toronto va réussir à terrasser les doubles champions en titre 4-2 pour accéder à ses premières finales NBA !
Le tournant de la série aura été le Game 2, un des matchs les plus fous de l’histoire NBA : 149-148 Toronto, 2 prolongations, un record de point en playoffs pour le Shaq, auteur de 65 points ce soir de mai 2001. Et pour lui répondre, l’un des plus beaux matchs de la part d’un meneur en playoffs : 29 points (12/17), 22 assists (1 turnover), 7 rebonds, 4 steals pour Nick Van Exel, avec en prime le tir primé pour arracher la victoire après 58 minutes d’un match d’une intensité dingue !
L’affiche contre les Scorpions, meilleure équipe de l’Ouest, est très alléchante. Le duel de meneurs encore plus : Jason Kidd contre Nick Van Exel, les deux meilleurs meneurs de la Ligue face à face. La finale va être haletante. Irrespirable. Les Scorpions vont s’imposer facilement dans le Game 1 de près de 20 points, prime à l’expérience pour Las Vegas, finaliste il y a deux ans. Les Raptors seront beaucoup plus dangereux au Game 2, mais le filou qu’est Jason Kidd va voler le ballon qu’il faut des mains de Nick Van Exel dans la dernière minute pour assurer un deuxième succès des siens.
Sur ses terres, Toronto va répliquer dans un Game 3 maitrisé avec le trio Duncan/Glenn Robinson/Houston à plus de 25 points chacun. Nick Van Exel va devenir le 7ème joueur seulement à signer 15 assists dans un match de finales NBA, et le 2ème à finir sans la moindre perte de balle après Robert Reid en 1986. Les Raptors reviendront à 2-2 dans la série en l’emportant en overtime dans le Game 4, mais craqueront devant un Jason Kidd intenable à 27 points, 13 assists et 11 rebonds dans le Game 5. Les Raptors ne reviendront pas, et laisseront Las Vegas soulever le trophée NBA en 6 matchs.
Nick Van Exel se consolera pendant l’été en signant pour le maximum pour 4 ans à Toronto. Une juste récompense pour le meneur trentenaire, qui s’est hissé tout en haut de la Ligue à son poste en compagnie de Jason Kidd. Le meneur continuer de dominer individuellement la Ligue en étant All-Star, All-NBA Team et meilleur passeur (ou 2ème) pendant quatre saisons de plus, mais Toronto a laissé passer sa chance. Allan Houston et Glenn Robinson vieillissent clairement, et Toronto se fera surprendre dès le premier tour par les Bucks d’un Dirk Nowitzki qui dominera Tim Duncan avec 37 points et 16 rebonds pour s’imposer dans le Game 7 à Toronto.
La saison suivante sera le chant du cygne de cette génération qui atteindra cahi-cahin la finale de conférence où ils se feront balayer par les Knicks, mais Nick Van Exel multipliera les pépins physiques et ne disputera que 7 matchs de playoffs sur les 17 de son équipe. S’en suivront deux sweeps au premier tour des playoffs contre Washington puis Detroit, qui signifiera l’explosion du roster de Toronto. Tim Duncan s’envolera pour Dallas, Nick Van Exel le suivra dans le Texas, mais à Houston.
Pour la première fois de sa carrière, le meneur de maintenant 34 ans est contraint de sortir du banc derrière Jason Terry. Il participera à un nouveau match légendaire conclu 154-153 pour Houston en triple-prolongation pour sortir les Mavericks de son pote Timmy au premier tour des playoffs 4-2, avant de voir son équipe s’incliner en demie contre les Scorpions. Nick The Quick signera une dernière saison anecdotique sur le banc du Jazz avant de prendre une retraite bien méritée.
Malgré une finale NBA, 3 finales de conférence et 4 demi-finales, jamais Nick Van Exel n’aura réussi à aller chercher la fameuse bague NBA. Mais qu’importe, sa carrière est magnifique pour un 37ème choix de Draft. Il finit sa carrière avec 5 sélections au All-Star Game, autant de fois meilleur passeur de la Ligue et 4 sélections en All-NBA Team. Il est le meilleur passeur de l’histoire de Raptors avec 6 119 assists, et il est le 9ème meilleur passeur de l’histoire avec 8 125 passes décisives. Il est également le 8ème meilleur scoreur à 3-points avec 1 895 tirs primés. Il faut ajouter à cela 1 144 matchs NBA (Top 75) ou encore 1 074 steals (Top 150).

A sa retraite, il est appelé par TonyPop, le GM de ses adversaires de toujours, les Sixers. Il se voit offrir un poste d’assistant coach auprès de Mike Dunleavy Sr, poste qu’il occupe depuis 3 ans. En fin de contrat, il rêve de décrocher une place de Head Coach. Reste à voir si son été de rêve se prolongera au-delà de son intronisation méritée au Hall of Fame.
Au top ! Merci pour ce magnifique article.
Une des figures majeures de notre plus belle période sur HNBL jusqu’à présente, même si on a jamais pu arracher de bague malgré une finale et des finales de conf où le Shaq était injouable.
Enorme joueur, qui mérite largement cette distinction ! Un vrai Raptors, dont les plus belles années sont indubitablement canadiennes.
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