Hall of Fame 2011 : Patrick Ewing

Il est rare qu’un joueur incarne une franchise au point de ne faire plus qu’un avec l’équipe. Ce fut le cas, dans les années 90, du n°33 des Knicks. « Quand vous pensez à New York, vous pensez à Patrick Ewing », soulignait Michael Jordan qui fut son alter ego chez les Bulls.

Malheureusement, il est également rare qu’un joueur incarne à ce point la défaite dans le sport professionnel. Les plus anciens nous parlerons de Jerry West et Elgin Baylor (8 finales NBA perdues). Mais Patoche, c’est un sacré niveau également. Le roi de New York, comme des crève-cœurs.

L’histoire du n°33 new-yorkais commence en Jamaïque. Patrick Aloysius Ewing naît le 5 août 1962 à Kingston. Patrick est le cinquième des sept enfants de Carl et Dorothy Ewing. Papa est mécanicien. Maman s’occupe de la maison en rêvant des Etats-Unis. Patrick, lui, est très loin d’une carrière de basketteur. Il aime dessiner et veut devenir artiste. Bien sûr, il fait du sport. Il se débrouille bien au cricket et joue gardien de but dans son équipe de foot, comme Hakeem Olajuwon. Le basket ? Connaît pas ! Il ne vit jamais un match avant de migrer aux Etats-Unis.

La vie de la petite famille bascule en 1971. Dorothy quitte les Caraïbes pour s’installer à Boston. Elle travaille au Massachusetts General Hospital. Faute d’argent, les enfants sont contraints de rester en Jamaïque. Quatre ans plus tard, la famille est enfin réunie. Les Ewing habitent une maison de cinq pièces. Patrick a posé le pied sur le sol américain le 11 janvier 1975 mais une partie de son cœur est restée en Jamaïque.

Quand Pat découvre la balle orange, à 13 ans, c’est le coup de foudre. Il joue au basket pour la première fois dans un pick-up game près de chez lui. Il n’a aucun mal à dunker mais son approche du basket est assez primaire. Sur un terrain, il apparaît gauche, ne maîtrise pas bien toutes les phases. Heureusement, il a la chance de croiser la route de Mike Jarvis, qui s’applique à polir son jeu à la Rindge and Latin High School, à Cambridge, Massachusetts.

Ewing va progresser à vitesse grand V. Son équipe de lycée sera championne de l’Etat à trois reprises. Elle ne perdra qu’une fois en 75 matches. Pat est invité au camp de préparation de l’équipe olympique des USA, ce qui est une première pour un joueur de high school. Il n’est pas retenu mais ne loupe rien : suite à l’invasion de l’Afghanistan par l’Union Soviétique, les Américains boycotteront les Jeux de Moscou en 1980 (en réaction, l’U.R.S.S. boycottera les Jeux de Los Angeles en 1984). Durant son année senior, Patrick, qui atteint 2,08 m, n’est pas seulement le meilleur pivot parmi les lycéens du pays, c’est le meilleur basketteur de high school. Il a droit à des articles dans « Sports Illustrated » et le « New York Times ». Mike Jarvis voit en lui un nouveau Bill Russell, mais meilleur en attaque.

Au grand dam de tous les habitants de Boston, qui le voyaient rejoindre Boston College ou UMass, le natif de Kingston choisit d’effectuer sa carrière universitaire à Georgetown, l’usine à pivots basée à Washington qui formera Dikembe Mutombo ou Alonzo Mourning, sans oublier Allen Iverson du côté des arrières. L’encadrement est assuré par le légendaire John Thompson. Ancien back-up de Bill Russell chez les Celtics, Thompson est l’un des rares entraîneurs noirs en charge d’un gros programme NCAA (il semble que les parents Ewing y aient été assez sensibles). 

En 1982, les Hoyas (27-7) remportent la Conférence Big East. La finale NCAA contre North Carolina est serrée jusqu’au bout. Ce soir-là, Ewing fait plus ample connaissance avec celui qui empoisonnera son existence pendant une décennie. Dans les dernières secondes, Michael Jordan fait passer les Tar Heels devant 63-62. Sur la possession suivante, Fred Brown, arrière de Georgetown, confond James Worthy avec l’un de ses coéquipiers et donne la balle au futur M.O.P. Les Hoyas viennent de signer leur arrêt de mort. North Carolina est champion. Rien ne peut consoler Ewing (23 points, 11 rebonds). Pas même une citation dans la meilleure équipe du Tournoi.

Durant son année sophomore, Georgetown (18-10) se fait surprendre par Memphis State au deuxième tour de la « March Madness » (66-57). L’année 1983-84 voit l’émergence de l’une des meilleures équipes de l’histoire du basket universitaire. Champions de leur Conférence, les Hoyas (30-3) retournent en finale NCAA, face aux Cougars de Houston. Clyde Drexler a quitté les Cougars pour la NBA un an plus tôt, mais Akeem Olajuwon (sans H à l’époque) est encore là. Houston s’incline 84-75. John Thompson devient le premier coach afro-américain sacré champion NCAA. Ewing est logiquement élu M.O.P., pas pour sa finale (10 points à 4/8, 9 rebonds, 4 blocks, déjà gênant le Akeem) mais pour l’ensemble de son œuvre. Naturalisé américain, le pivot de Georgetown participe au cours de l’été à la quête du titre olympique à Los Angeles.

Patrick Ewing va au bout de son cursus. Tous les ans, des équipes NBA sont venues frapper à sa porte, lui proposant de passer immédiatement pro. Mais Pat avait fait une promesse à sa mère Dorothy, qui avait succombée à une attaque cardiaque en 1983, à 55 ans. Pas question de quitter le campus sans son diplôme.

Classé n°1 du pays, Georgetown est le grand favori à sa propre succession. Toujours aussi irrésistibles (30-3), les Hoyas de la capitale fédérale sont de retour en finale. Adversaire : les Wildcats de Villanova (25-10), une équipe qu’ils ont dominée à deux reprises en saison régulière et qui s’est difficilement qualifiée pour le Tournoi. Mais qui va créer l’une des plus grosses sensations de l’histoire en expédiant le champion sortant au tapis. Georgetown loupe le back-to-back de 3 points (66-64). La carrière NCAA d’Ewing (14 points, 5 rebonds) s’achève sur une deuxième désillusion. Du moins sur le plan sportif. Car Pat décroche son diplôme en beaux-arts, spécialité design.

Le natif de Kingston quitte Georgetown avec le record de rebonds et de contres de la fac. Durant son séjour, les Hoyas auront posté un record de 121 victoires pour 23 défaites. Auréolé d’une ribambelle de titres individuels, Ewing sera désigné meilleur basketteur de College des années 80. Au printemps 1985, la NBA s’agite. Le meilleur joueur universitaire du pays va débarquer. Aucun suspense pour le premier choix de la Draft.

La Ligue veut éviter que les équipes mal classées tankent pour récupérer le premier pick et introduit le principe de Lottery. La plus mauvaise équipe quasiment assurée de récupérer le meilleur prospect, c’est fini. Auteurs d’une saison à 24 victoires pour 58 défaites (3ème plus mauvais bilan de la Ligue), les Knicks héritent du premier choix de la draft et accueillent Ewing comme le Messie. Depuis le titre de 1973, la franchise pleure son lustre perdu. Les Bill Bradley, Walt Frazier, Willis Reed et Earl Monroe attendaient vainement la relève, qu’on crut incarnée par Bill Cartwright et Bernard King. La carrière de ce dernier (32,9 points de moyenne) a basculé lors d’un match à Kansas City, où les Kings sont alors établis. Victime d’une rupture d’un ligament du genou droit, le prolifique scoreur des Knicks, triple All-Star et double All-NBA First team, a dû passer sur le billard pour une opération de chirurgie reconstructrice très lourde. Il loupera l’intégralité de l’exercice 1985-86. En son absence, Ewing prend les commandes du cinq en attaque (20 points) comme en défense (9 rebonds, 2,1 blocks). Une blessure au genou prive l’intérieur new-yorkais de 32 matches durant sa saison rookie mais pas du titre de Rookie of the Year, une première pour un Knick depuis Willis Reed en 1965. Il devait fêter la première de ses 10 sélections All-Star à Dallas mais ne put tenir sa place.

New York reste dernier de la division Atlantic (23-59) et cela durera encore un an (24-58).  L’exercice suivant voit l’engagement de Rick Pitino, et l’arrivée du meneur rookie Mark Jackson. Ewing dispute pour la première fois la totalité de la saison. Qualifiés en playoffs avec 38 victoires seulement, New York disparaît au premier tour des playoffs face à Boston 3-1, mais les promesses d’avenir sont là.

Sans un trade déterminant, l’année 1988-89 aurait peut-être eu la même saveur. Mais Chicago se met en quête d’un pivot d’expérience capable de soulager la paire Jordan-Pippen en attaque. Avec les progrès d’Horace Grant, le maintien de Charles Oakley dans l’effectif n’apparaît pas absolument indispensable.

Chicago rend Jordan furieux en transférant son ami, rebondeur et défenseur patenté, contre Bill Cartwright, pivot de 31 ans sur la pente descendante. Cette arrivée permet à Ewing de s’installer définitivement au poste 5 (il devait parfois se décaler en power pour jouer avec Cartwright). Et il répond présent :  22,7 points, 9,3 rebonds et 3,5 blocks. Pat permet à New York de fêter son premier titre de division depuis 1971 (52-30). Les Knicks sweepent Philadelphie au premier tour des playoffs avant de s’incliner 4-2 contre Chicago. La première d’une longue série de déconfitures face aux Bulls.

Pour sa cinquième année en NBA, l’intérieur new-yorkais tutoie l’excellence, ce qui lui vaut une première (et unique) citation dans le premier cinq All-NBA. Il est élu starter pour le All-Star Game 1990, ce qui est également du jamais-vu. Le 24 mars 1990 contre les Celtics, Ewing plante 51 points à 20/29, record en carrière (plus 18 rebonds). Seulement troisième de sa division (45 succès), « Big Apple » est contrainte de se déplacer à Boston au premier tour des playoffs et se retrouve menée 2-0. Ewing plante 33, 44 et 31 points pour permettre à New York de renverser la série. La demi-finale de Conférence Est contre le champion sortant, Detroit, s’annonce compliquée et elle le sera. Les « Bad Boys » lâchent le Game 3 (111-103), marqué par les 45 points d’Ewing, au Madison Square Garden mais plient facilement la série 4-1.

Ewing atteint des sommets de frustration au début de la décennie 90. Il state à volonté mais l’équipe compile laborieusement 39 victoires et se fait sweeper par Chicago au premier tour des playoffs 1991. Le pivot des Knicks songe très sérieusement à partir. Après avoir obtenu des garanties sur un renforcement imminent du roster, Ewing finit par se raviser. Bien lui en as pris : avec l’arrivée de Pat Riley et la mise en place d’une défense barbelée, New York partage la pole position de sa division avec Boston avec 51 victoires et croit son heure venue. Les Pistons passent à la trappe 3-2. Pas les Bulls qui l’emportent au terme d’une série incroyablement disputée et intense 4-3. Ewing signe un match de mammouth (34 points, 16 rebonds, 6 blocks) pour le coup d’envoi de la série. New York s’impose 94-89 dans l’Illinois. Neuf jours plus tard, Chicago mène 3-2. Ça sent l’élimination. Le grand Pat souffre terriblement de la cheville mais il plante 27 points au Madison Square Garden pour maintenir les siens en vie, dans l’un des meilleurs matches de sa carrière, victoire 100-86. Exploit sans lendemain : Chicago boucle tranquillement la demi-finale 110-81.

Le pivot « dream teamer » revient de son escapade barcelonaise avec une deuxième médaille d’or olympique autour du cou et la conviction que New York sera l’équipe à battre à l’Est. En s’appuyant sur leur défense, la meilleure du pays, les Knicks postent 60 victoires, record de franchise, et terminent n°1 de leur Conférence. Le rendez-vous avec Chicago, n°2, est pris. Pat Riley est désigné coach de l’année, Ewing arrive 4e dans l’élection du MVP. Pour la première fois de sa carrière, il passe deux tours de playoffs. New York abandonne un match aux Pacers et aux Hornets. Demi-finale de Conférence un peu embarrassante qui voit Muggsy Bogues (1,60 m) réussir à le contrer.

Le choc tant attendu entre les deux meilleures équipes de l’Eastern tient toutes ses promesses. New York mène 2-0, Chicago égalise. Tout bascule dans les dernières secondes du Match 5 au Madison Square Garden, quand l’ailier Charles Smith se fait contrer à quatre reprises sous le cercle. Victoire 97-94 des Bulls qui se qualifieront 4-2 après un blowout. C’est le quatrième revers face à Chicago de l’ère Ewing. En toute logique, la retraite de Michael Jordan doit lui ouvrir les portes de ses premières Finales. Patrick le garantit : « 1994 sera l’année de New York ».

Les Knicks veulent la peau du triple champion NBA en demi-finale. La série s’éternise, chaque équipe s’imposant à domicile. Sanctionné pour une faute très discutable sur Hubert Davis qui aboutit à la perte du Match 5 à New York (87-86), Scottie Pippen se venge en plantant un dunk monstrueux sur la tête d’Ewing au Game 6. Pippen s’essuie presque les pieds sur son homologue des Knicks, projeté violemment à terre. Le Match 7 a lieu au Madison Square Garden. Ewing finit fanny la première mi-temps avant de se réveiller dans la seconde (18 points et 11 rebonds au total). Victoire des Knicks 87-77. Au tour suivant, « Big Apple » se retrouve menée 3-2 face à Indiana après avoir pris un avantage de 2-0. New York rétablit l’équilibre à Indianapolis 98-91 mais accuse un retard de 12 longueurs dans le troisième quart-temps du Game 7, au Madison. Le double champion olympique prend alors les choses en main. Il finira la soirée avec 24 points et 22 rebonds. A 28 secondes de la fin, John Starks pénètre ligne de fond et loupe son tir contre la planche. Ewing place une claquette décisive qui scelle la victoire 94-90, et la qualification des siens. Après neuf ans dans la Ligue, il est enfin en Finales NBA. Le pivot des Knicks grimpe sur la table de marque et crie tout son soûl. Cela faisait 21 ans que New York n’avait pas atteint ce stade.

L’affiche Houston-New York offre une revanche de rêve au pivot des Rockets Hakeem Olajuwon, défait 10 ans plus tôt en finale NCAA avec les Cougars (et battu 4-2 par les Celtics dans la Finale 1986). Cela fait une décennie que les deux intérieurs stars courent après la consécration en NBA.

« Quand je regarde Hakeem, je vois la même soif de victoires que la mienne », explique Ewing qui a dépassé en novembre Walt Frazier comme meilleur scoreur de l’histoire des Knicks. « C’est un grand joueur et je suis un grand joueur. Tous deux, nous avons fait à peu près tout ce qu’il était possible de faire dans cette Ligue, à part gagner le titre. Observez-nous, nous avons le même regard, la même détermination, la même rage de vaincre. J’ai gagné au lycée. J’ai gagné à la fac. J’ai deux médailles d’or olympiques. Maintenant, je veux faire partie d’une équipe championne NBA. »

Pour cette Finale 1994, les barbelés sont tirés en défense. Aucune équipe ne marquera plus de 93 points. Soir après soir, Olajuwon prouve qu’une classe le sépare du pivot des Knicks. Sur la série, « The Dream » a tourné à 26,9 points (à 50%) contre 18,9 (à seulement 36,3%) pour « The Beast ». A 31 ans, Hakeem est au sommet de son art. Il fait main basse sur les trophées de MVP, MVP des Finales et DPOY. Du jamais vu. New York passera près du Graal. Très près, même. A un tir contré de John Starks au buzzer du Game 6. Contré par Hakeem, évidemment. Le même Starks qui craquera complètement dans le Game 7 avec un ignoble 2/18 (0/11 à 3-points) dans une défaite 90-84. New York menait pourtant 3-2, mais n’a pas su aller chercher la dernière victoire. Patrick Ewing n’a tout simplement pas les armes pour contenir, sinon dominer le meilleur intérieur au monde. Ses deux records aux contres (30 sur la série, 8 dans le Game 5, battus par le Shaq depuis) n’ont pas suffi.

Jordan toujours absent, les Knicks abordent la saison suivante dans la peau de contenders à l’Est. Ewing mène les siens à la 2e place de la division Atlantic avec 52 victoires, derrière Orlando. Cleveland est sweepé au premier tour. La demi-finale de Conférence face aux Pacers vire au cauchemar avec les 8 points de Reggie Miller en 9 secondes dans le Game 1. Indiana s’adjuge les Matches 1, 3, 4 et 7 (97-95 au Madison Square Garden) et prend sa revanche, un an après son revers en finale de Conférence. Diminué par des douleurs au mollet, le n°33 new-yorkais tourne à 19 points et 9,6 rebonds sur la série. Son finger roll pour l’égalisation à la dernière seconde du Game 7 rebondit sur le cercle et ressort. Son shoot victorieux dans le Game 5 (96-95) ? Vite oublié.

Début juin 1995, « The Beast of the East » subit une arthroscopie pour faire réparer un cartilage du genou droit, genou déjà opéré l’année précédente. Une mauvaise nouvelle n’arrivant jamais seule, Pat Riley annonce son départ pour Miami. Un vrai coup de massue. Et son intersaison difficile ne s’arrête pas là. Lors de la Fantasy Draft de juin 1995, les Knicks font l’impasse sur Pat au premier tour, lui préférant Tim Hardaway. Il sera finalement pris au second tour par New York, mais le manque de confiance vis-à-vis de son nouveau GM est patent. Le coup final sera planté dans le dos de Patoche en décembre. Le GM des Knicks, Carmelo7Anthony, reçoit pour mission de descendre sous le hard cap afin de ne pas devoir payer la luxury tax. Les Knicks sont très loin du niveau de mai 1995, et ne sont même pas en course pour les playoffs. Hérésie suprême, le GM va sacrifier Ewing sur l’autel du cap. 10 saisons de fidélité ainsi récompensé, ça déchire le cœur des fans de New York.

Dans son malheur, Ewing est envoyé à Washington, l’équipe qui monte à l’Est. Là où il a passé ses années universitaires également. Il y retrouvera ses ennemis intimes, Reggie Miller et Scottie Pippen. Il retrouve aussi son pote de New York, Mark Jackson. Avec Dennis Rodman pour compléter le tout, ça donne un cinq majeur effrayant. Washington finira en tête de l’Est avec 56 victoires. Au premier tour, les Cavs ne pèsent pas bien lourd et sont expédiés 4-1. Comme Reggie Miller est bien défendu par Gary Payton, c’est Pat qui est en charge du scoring, et il tournera à 21,4 points et 8,2 rebonds de moyenne sur la série. Pour aller chercher un match chez les Cavs, Ewing se fendra de 23 points et 9 rebonds en une mi-temps, conclue à +23. Et c’est lui qui mettra le petit tip-in pour passer devant 79-77 à 3 secondes du buzzer dans le Game 5.

En demi-finale, ce sont les Bulls qui défient Pat et sa bande. Mais Jordan n’est plus là, et Scottie est avec lui. Guidés par Reggie, les Wizards vont mener 2-0. La réponse de Penny ne se fait pas attendre, et on revient à Washington à 2-2. Au Game 5, alors que Washington menait de 19 points à l’entame du 4ème QT, Chicago va passer un 29-9 pour reprendre les devants à 36 secondes du terme. Moment choisi pour Miller, auteur de 8 points, pour marquer un panier plus la faute, puis un jumpshot pour l’emporter de 3 points. Après un blowout au Game 6, Ewing va porter son équipe durant les 3 premiers QT du Game 7 avec 35 points, avant de laisser Reggie en planter 21 dans le 4ème.

En finale de conf contre les Hornets, Ewing va devoir se frotter au jeune mais déjà gênant Kevin Garnett. Il va lui apprendre le métier de pivot, en lui collant 28 points et 10 rebonds de moyenne, avec quelques performances mémorables comme ses 44 points et 14 rebonds au Game 2. Comme en demie, les deux équipes dominent à domicile, jusqu’au coup de chaud de Reggie au Game 6 avec 37 points pour sortir Charlotte 4-2. Les Wizards sont en finale. Patrick rêve plus que jamais de sa bague.

Mais en face, ce sont les Kings du MVP qui se présentent face à eux. La tâche est d’autant plus ardue que Scottie Pippen est blessé, et manquera l’intégralité des finales. Dès le premier QT du Game 1, Washington est relégué à -20. Ewing souffre face à la technique d’un rookie pas comme les autres, Arvydas Sabonis. Le Game 1 est perdu de 21 points. Le Game 2, de 18. Au Game 3 et 4, les deux stars de Washington se réveillent avec 32 points de Reggie et 25 points – 12 rebonds de Patoche, puis 27 points de Reggie et 31 points – 7 rebonds – 5 blocks d’Ewing. Malheureusement, au Game 5, les stars de Washington sont en foul trouble : 15 minutes pour Rodman, 19 pour Ewing, 22 pour Miller. Sabonis s’amuse avec 34 points à 14/19 et 11 rebonds pour permettre à Sacramento de mener 3-2. Le Game 6 tourne au pugilat, et les Bullets sont menés 58-28 à la mi-temps. Ewing laisse passer une deuxième finale. Il a pourtant réalisé des meilleures performances qu’il y a deux ans avec 25,6 points et 8,7 rebonds de moyenne. Mais comme il y a deux ans, il n’a pas su stopper son adversaire. Sabonis finit en effet avec 19,7 points à 57% et 10,3 rebonds.

Free Agent en 1996, Pat décide de quitter la capitale. Il signe au max sur un an aux Spurs, demi-finalistes de conférence la saison passée. Il y retrouvera un autre grand perdant de la Ligue (qui ne le restera pas), l’Amiral David Robinson. Avec Magic à la mène, et les snipers Eddie Jones et Wesley Persons sur les ailes, les Spurs sont des candidats sérieux au titre. Mais les genoux du géant grincent, et Magic aussi enchaine les petits pépins. Eddie Jones manque 30 matchs, et Wesley 25 aussi, et les Spurs doivent se contenter de la 6ème place de l’Ouest. Mais tout le monde sentait que les Spurs allaient être de sérieux outsiders.

Les Clippers au premier tour sont avalés en 5 manches seulement, avec le quatuor Jones / Person / Robinson / Ewing à plus de 15 points de moyenne. Les Lakers en demie subiront le même sort, sur le même score. Et en finale de conférence, les champions en titre poseront à peine plus de difficultés et perdent en 6 manches, avec 3 défaites à plus de 20 points. Voilà les Spurs qualifiés pour leur première finale NBA. Pour Pat, c’est la 3ème en 4 ans. Mais il ne sera pas au niveau. Shawn Kemp sera bien trop fort pour la raquette des Spurs. Pat ne pèsera plus que 9,2 points et 6,6 rebonds. Et si Eddie Jones, Wesley Persons et Jalen Rose maintiennent un semblant de suspense, le duo Glove / Reignman domine la franchise du Texas, qui s’inclinera en 6 manches. C’est la 3ème défaite en finale de Patrick Ewing, dans 3 franchises différentes. La lose semble collée à la peau de Patoche.

Comme il n’avait signé que pour une seule année, c’est en Free Agent que Pat quitte le Texas. Il retourne dans la capitale de Washington, mais trop tard. L’effectif est trop vieux pour être compétitif, et les Wizards ne feront même pas les playoffs. C’est la dernière année à un niveau correct de Patrick avec 15,5 points et 8,9 rebonds de moyenne. Commence alors un farewell tour pour Patoche, qui fait une saison à Sacramento, puis à Charlotte, puis à Minnesota (où il découvrira la joie d’être remplaçant) avant un retour bien mérité à New York pour 3 saisons (enfin, deux et demi, il sera encore tradé comme un malpropre par Elgobi à la trade deadline 2003). Il joue peu, moins de 15 minutes par match. Sur ces 3 saisons, New York s’inclinera à chaque fois en finale NBA. Patrick Ewing ne jouera même pas la dernière, qu’il passera entièrement sur le banc.

Ironie de l’histoire, après 3 défaites en finales consécutives, New York va tout écraser en 2004-2005 : 78 victoires, et enfin un titre pour mettre fin à une attente de 32 ans. Sauf que Pat est à la retraite depuis juillet 2004. Après 5 finales NBA perdues, dont 3 comme titulaire (dans 3 franchises différentes), il ne connaitra pas la joie du titre. Il ne la connaitra pas non plus en tant qu’assistant coach, poste qu’il occupe depuis 7 saisons chez les Rockets (comme Cassell, le monde est petit).

Le Hall of Fame regorge de champions NBA. Patrick Ewing est l’un des rares à ne jamais avoir gagné le graal NBA. Mais le joueur le plus iconique de l’histoire des Knicks méritait cette récompense. Il est tout de même double champion olympique, champion NCAA, 10 fois All-Star, 7 fois All-NBA Team, 3 fois All-Defensive Team. Mais il sera plutôt retenu de sa carrière les 5 finales NBA et les 2 finales NCAA perdues. Pas ses 23 653 points en carrière (30ème meilleur total en carrière), ou ses 1 305 matchs (20ème), ou ses 11 210 rebonds (29ème), ou encore ses 2 681 blocks (9ème). En playoffs, c’est aussi bon, avec 156 matchs (35ème meilleur total en playoffs), 2 916 points (23ème), 1 377 rebonds (27ème) et 306 blocks (8ème). De quoi faire de Patrick Ewing l’un des plus grands pivots de l’histoire. L’intronisation individuelle (après celle collective en tant que membre de la Dream Team) de Patrick Ewing va permettre à New York de célébrer son héros. Et de rappeler aux fans que la victoire ne fait pas tout, heureusement.

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