Hall of Fame 2014 : Glenn Robinson
Drafté en première position lors de la Draft 1994, Glenn Robinson va signer le plus gros contrat professionnel de l’histoire pour un rookie, entrainant la création d’une règle financière de la part de la Ligue pour éviter les dérives financières causées par les rookies. Outre cette règle qui a un temps porté son nom, Glenn Robinson est avant tout un des meilleurs ailiers de l’histoire, très gros scoreur. Très solide comme Franchise Player, il s’est épanoui dans un rôle un peu plus dans l’ombre, derrière la superstar Tim Duncan, avec qui il a frôlé le titre NBA. Retour sur la carrière d’un des seconds couteaux les plus marquants de ces 20 dernières années.
Comme beaucoup de sportifs noirs passés professionnels, Glenn n’est pas né dans la soie. La ville de Gary est connue pour son taux de criminalité élevé et ses trafics de drogue. La mère de Glenn n’a pas atteint la majorité quand elle tombe enceinte. Elle n’est pas mariée. Aussi, Glenn voit rarement son père. La jeune mère se plie en quatre pour assurer la survie du foyer. Elle ne veut pas voir le fiston tomber dans la délinquance et fait preuve d’une intransigeance totale. Pas de bonnes notes à l’école ? Pas de basket. Elle ira jusqu’à le faire désinscrire d’une équipe.
Indiana M. Basketball. McDonald’s All American. Champion de l’Etat d’Indiana avec son lycée. Meilleur joueur de l’US Olympic Festival et tout simplement meilleur lycéen des Etats-Unis en 1991. Sur sa carte de visite, il n’y a déjà plus de place. Avec un tel CV, Glenn Robinson doit emmener Purdue, son université située dans son état natal de l’Indiana, vers les sommets de la hiérarchie NCAA. Oui, mais ses mauvais résultats scolaires l’empêcheront de prendre part à la saison universitaire 1991-1992. C’était le règlement.
La Proposition 48. Une règle de la NCAA qui stipule qu’un étudiant doit remplir certaines conditions académiques pour participer au championnat. Conséquence : Robinson se retrouve redshirt en 1991-92. Aussi, Glenn a passé son année freshman à regarder jouer ses coéquipiers. Une année passée à jouer avec les amateurs de la fac, à faire des séances individuelles, à souffrir à chaque match des Boilermakers, en simple spectateur : « L’équipe a perdu 15 fois pour 18 victoires. Chaque défaite me rendait malade. Je voulais à tout prix être sur le terrain », se remémore Glenn Robinson.
Pour occuper son temps, Glenn n’a pas d’autre choix que de bosser dans une boutique vendant des frigos et des climatiseurs. Cet apprentissage l’a marqué, et après une année passée à tourner en rond à la fac, il veut reprendre sa vie en main.
L’envie de gagner et un tempérament bosseur, c’est tout ce qu’il faut pour
réussir, soutenait Magic. En cette année 1992, Glenn Robinson a vraiment tout
pour lui, même de bonnes notes aux examens ! Il boucle cette première année en
NCAA sur une moyenne de 24.1 points, 9.2 rebonds et 1.8 passe. En saison
régulière, les Boilermakers s’offrent le scalp du Fab Five de Michigan. Le
tournoi NCAA ? Un petit tour et puis s’en va. Rhode Island éjecte Purdue (18
victoires et 10 défaites) dès le premier tour à l’Est malgré 36 points à 12/20
pour leur leader Glenn Robinson, défaite 74-68.
Le n°13, qui se fait un peu d’argent de poche l’été comme soudeur, renonce à se
présenter à la Draft. L’année suivante, il passe la barre des 30 points : 30.3
points à 48% plus 10.1 rebonds. C’est la première fois qu’un basketteur de la
Conférence Big Ten termine en tête de ces deux catégories depuis 1978 et un
ancien de Purdue, le pivot Joe Barry Carroll, premier choix de la Draft 1980.
Purdue (29 victoires pour 5 défaites) se hisse au 3e rang national.
Purdue aborde la March Madness dans la peau de meilleure équipe de la Southwest Division. Purdue ne fait qu’une bouchée de Central Florida pour son entrée dans le tournoi : victoire 98-67 avec 31 points à 10/20 du Big Dog. Le deuxième match n’est guère plus difficile contre Alabama State : 83-73 avec 33 points à 12/22 du n°13. Durant le Sweet Sixteen, Glenn se blesse au dos dans la victoire contre Kansas (83-78) mais plante 44 points à 15/33 pour qualifier son équipe pour la finale régionale. Pour son dernier match en NCAA, face au Duke de Grant Hill, il est diminué et limité à 13 points. Les Blue Devils se qualifient pour le Final Four en s’imposant 69-60. Pour Robinson, les hommages pleuvent : John Wooden Award (Wooden fut lui-même un Boilermaker et il portait aussi le n°13), Naismith Award, « Big Ten Conference Player of the year » avec 1 030 points, le record de la Conférence sur une saison. La NBA ouvre ses portes en grand au formidable scoreur qu’est Glenn Robinson.
Et ça tombe bien, car ce sont les Milwaukee Bucks qui détiennent le premier choix de cette Draft 1994 après une année à 20 victoires pour 62 défaites. Les Bucks manquent clairement de scoring avec un meilleur marqueur à 15.3 points de moyenne (Eric Murdock). Milwaukee n’hésite pas, et Glenn devient le premier Boilermaker n°1 de la draft depuis Joe Barry Carroll en 1980. Et tout de suite, les choses se gâtent. Il réclame le plus gros contrat jamais vu : 100 millions de dollars sur 13 ans ! Herb Kohl, sénateur démocrate du Wisconsin et propriétaire de la franchise depuis 1985, voit rouge : « A ce prix-là, autant lui donner la franchise… »
Le conflit perdure jusqu’au début du training camp. Robinson doit revoir ses prétentions à la baisse. Il obtient finalement 68 millions de dollars sur 10 ans, le plus gros contrat rookie de l’histoire (les limitations de salaire pour un premier bail entreront en vigueur l’année suivante). Evidemment, tout le monde attend l’effronté au tournant. Les premiers matchs sont difficiles : 3/13, 6/16, 6/18, 2/14, 5/13, voici les pourcentages de Glenn pour 5 de ses 8 premiers matchs NBA. Mais dès le 6ème match NBA de sa carrière, Glenn va planter 26 points à 11/22 contre les Hawks. Il lui faut une petite dizaine de matchs pour s’acclimater à la NBA. Dès le mois de décembre durant lequel il sera récompensé du titre de Rookie of the Month, il va tourner à 22 points à 45,5% sur 15 matchs, avec 13 matchs d’affilée à 18 points ou plus. Au cours de sa saison rookie, il va atteindre 11 fois la barre des 30 points, et 54 fois (sur 80) la barre des 20 points. Il va réaliser également 9 doubles doubles pour sa première saison, qu’il conclue avec des stats de 21,9 points et 6,4 rebonds en 37 minutes. Il est 3ème au classement du Rookie of the Year derrière les co-ROY que sont Grant Hill et Jason Kidd, et finit dans la All-Rookie First Team. Le duo composé du sophomore Vin Baker et du rookie Glenn Robinson permettent aux Bucks de repartir de l’avant avec 34 victoires pour 48 défaites.
Dès sa saison sophomore, Glenn Robinson doit découvrir une nouvelle franchise. Non pas que les Bucks l’aient échangé, mais comme beaucoup de joueurs, le Big Dog a dû subir le lockout et la Fantasy Draft qui ont suivis en 1995. Un soir de juin qui montre la côte très élevée du scoreur aux yeux de la NBA : Glenn Robinson est tout simplement le 16ème choix du premier tour, devant un certain nombre de légendes du jeu ! Mais le GM Ezioan croit en lui, et sa jeunesse ainsi que son contrat locké pour de nombreuses années font de Robinson un profil très apprécié du Front Office de Boston. La franchise mythique de la Conférence Est et sort de deux saisons à 32 et 35 victoires, du jamais vu depuis les années 1970. Le Big Dog a une mission simple : ramener les Celtics sur le devant de la scène.
Le défi lancé par son GM est de taille, et le supporting cast pas forcément au rendez-vous : Allan Houston en principal lieutenant, Kendall Gill pour compléter le backcourt, et une raquette composée de Chris Gatling et Antonio Davis. Clairement, ça manque de talent. Et ça se ressent en début de saison, où malgré les cartons de Glenn Robinson qui dépasse régulièrement les 20 points, les Celtics ne sont pas parmi les 8 meilleures équipes de la Conférence Est. Pour combler ce manque, Boston réalise un trade en fin d’année 1995 avec la nouvelle franchise des Toronto Raptors : Antonio Davis quitte le Massachussetts direction le Canada, en échange de Terry Porter et surtout du pivot Rik Smits. Et à la trade deadline, c’est l’expérimenté Robert Horry en échange de LaSalle Thompson, Harvey Grant et du pick 1996 lottery protected des Celtics. Un cinq majeur Kendall Gill / Allan Houston / Glenn Robinson / Robert Horry / Rik Smits, ça a déjà beaucoup plus de gueule. Seulement 11ème lors du All-Star Weekend (aucun représentant pour les verts), Boston réalise une très belle fin de saison et va doubler Atlanta et New York, et dans une bataille à 3 pour les 7èmes et 8èmes places, c’es Boston qui prendra le meilleur sur Cleveland et Miami. Glenn Robinson va être élu Player of The Week avec une moyenne de 32,7 points, 7,1 rebonds et 4,1 assists sur les 4 derniers matchs de la saison régulière.
Boston va finir avec 45 victoires, soit 10 de plus que l’année précédente. Avec des moyennes de 19,2 points, 6,2 rebonds et 3,3 assists, Glenn Robinson a su s’imposer comme le leader d’une bonne franchise dès sa saison sophomore, et il est dans les discussions pour la All-NBA Third Team, finalement devancé par Eddie Jones et Detlef Schrempf. Au premier tour des playoffs, ce sont les Sixers de Shaquille O’Neal qui se placent sur la route des Celtics. Il roulera sur Boston, qui se fait largement dominer 4-1, et Glenn Robinson galère avec 17,2 points, 4,6 rebonds et 2,2 assists de moyenne sur la série.
La saison 1996-1997 est dans la même veine pour les Celtics, avec 42 victoires pour une 7ème place. A titre individuel, The Big Dog réussit sa meilleure saison en carrière avec 21,2 points, 6,1 rebonds, 2,5 assists et une première sélection au All-Star Game en carrière. Toujours dans la course pour la All-NBA Third Team, il est cette fois devancé par Charles Barkley et Cedric Ceballos. Au premier tour des playoffs, ce sont les Cleveland Cavaliers du duo Gary Payton & Shawn Kemp qui se dressent face aux Celtics. Contre les futurs champions, les Celtics vont vaillamment résister, prenant même les Game 3 et 4 derrière un très gros Glenn Robinson à 27 points / 10 rebonds puis 22 points / 8 rebonds / 7 assists, mais le repositionnement de Gary Payton sur Allan Houston prive les Celtics de leur 2ème arme offensive, et Cleveland finira par s’en sortir en 6 manches. Les playoffs de Glenn Robinson sont très propres, et valident sa première étoile d’All-Star : 22,2 points (48,0 / 73,5 / 43,8), 6,8 rebonds et 2,2 assists de moyenne face à Nick Anderson, réputé pour sa défense.
Pour la saison 1997-1998, Boston a récupéré un renfort de poids dans sa raquette en la personne de Dikembe Mutombo. Kendall Gill est dégagé pendant l’intersaison pour laisser de la place à Derrick Martin à la mène, et juste avant la présaison, le gros rebondeur Jayson Williams vient compléter un cinq majeur où seul le duo Houston / Robinson était présent lors de la série contre les Cavs. La mayonnaise met deux mois à prendre, mais dès la fin-décembre, Boston se place comme un prétendant sérieux dans la Conférence Est. Glenn Robinson est All-Star pour la 2ème fois, mais est encore snobé lors du vote All-NBA Team au profit de Latrell Sprewell et Kevin Garnett. Mais qu’importe, avec 51 victoires (la meilleure saison des Celtics depuis la retraite de Larry Bird) et une 3ème place dans la Conférence Est, Boston est enfin en position pour passer un tour de playoffs après 6 année sans gagner la moindre série de playoffs, pire série de l’histoire de la franchise !
Au premier tour, c’est Orlando qui se dresse face à Boston. Enfin, se dresser est un bien grand mot, tant Orlando va se faire massacre : +117 en cumulé pour Boston, qui sweepe sans ménagement le Magic. En demie, Boston va retrouver son bourreau de la saison précédente, les Cavs. Malheureusement, le coach de Cleveland met directement Gary Payton sur Allan Houston. Boston, qui tient quasiment uniquement sur son duo au scoring (aucun autre joueur à plus de 12 points de moyenne), ne fait pas le poids sans Allan Houston, limité à un ignoble 11,3 points à 31,7% au tir. Les playoffs de Glenn Robinson sont encore solides avec 20,6 points, 5,8 rebonds et 3,0 assists, mais Boston parait encore très loin du compte dans la course au titre, malgré une saison à plus de 50 victoires. Pour la saison suivante, Boston perd Jayson Williams. Le secteur intérieur fait peur, avec Dikembe Mutombo, mais seulement Duane Causwell, Antonio Harvey et Dontonio Wingfield sur le banc. Aucun de ces joueurs n’est crédible pour intégrer le cinq majeur, et c’est Glenn Robinson qui se retrouve contraint à jouer à l’intérieur. La saison est très difficile individuellement et collectivement, et Glenn Robinson va louper le All-Star Game, tout comme Boston qui va manquer les playoffs malgré 42 victoires.
Glenn Robinson est furieux contre son front office, qui l’a condamné à un rôle qui n’est pas le sien à cause de très mauvaises décisions. La demande du Big Dog est simple : « Remet-moi à mon poste, ou transfère-moi ! J’en peux plus de me faire tabasser à l’intérieur tous les soirs ! ». Glenn Robinson remportera son bras de fer avec sa direction, et il est repositionné au poste d’ailier. Pour le poste d’ailier-fort, Boston va miser sur la quantité avec David Vaughn, Cherokee Parks, Gary Trent et Eric Mobley qui se succèdent à ce poste. Glenn Robinson est heureux, et ça va se sentir : 24,6 points, 6,8 rebonds, 3,3 assists et même 1,0 steal ! Il est évidemment All-Star, et décroche à 27 ans sa première place en All-NBA Team, la 2ème s’il vous plait. Il faut dire que The Big Dog est carrément le 7ème scoreur de la Ligue, en plus d’être le leader d’une équipe à 47 victoires. Un total qui correspondrait aujourd’hui à une très belle 3ème place dans la Conférence Est. Pour la deuxième année de suite (les 2 seules de ces 20 dernières années), le 9ème de l’Est a un bilan suffisant pour se qualifier en playoffs s’il était à l’Ouest. Dans cette apogée de la Conférence Est, c’est carrément le 11ème qui a un meilleur bilan que le 8ème de l’Ouest, les Spurs, qualifiés malgré un bilan pitoyable de 33 victoires. Avec 47 victoires, Boston, Washington et Detroit sont à égalité. Malheureusement, c’est Boston qui finit 8ème et dernier qualifié, et qui doit affronter les Sixers du gros Shaq. Les Sixers sont bien trop forts lors des deux premiers matchs, derrière un Shaq qui enchaine les énormes double double. Le retour au TD Garden fait du bien aux Celtics. Derrière un énorme match de Glenn Robinson, qui réalise son record en playoffs pour l’occasion, les Celtics mènent tout le match, mais le Shaq est intenable et remet Philly devant dans les derniers instants. C’est Boston qui a la balle de match, et c’est The Big Dog qui prends ses responsabilités. Une iso sur Jon Barry, Dikembe Mutombo qui feint l’écran, trompant le fils du célèbre Rick Barry, qui laisse le temps à Glenn d’armer son jumpshoot : ficelle ! Glenn Robinson permet à Boston de rester dans le match après une performance monumentale : 44 points à 16/21, dont 5/5 à 3-points, 9 rebonds, 5 assists et le game winner en prime, son premier en playoffs ! Boston enfoncera le clou dans le Game 4 derrière 71 points du trio Robinson / Houston / Martin pour revenir sans forcer à 2-2. Les Sixers ne trembleront pas non plus à domicile, et Boston doit gagner dans son antre pour garder le rêve d’un upset intact. Malheureusement, quand le Shaq décide de prendre le match à son compte, il n’y a rien à faire : 36 points, 22 rebonds, 7 blocks, et les Celtics en vacances. Malgré la déception, les Celtics n’ont pas à rougir : ils seront la seule équipe à prendre plus d’un match aux futurs champions. Et Glenn Robinson a brillé comme jamais en playoffs avec 27,0 points, 5,5 rebonds, 3,3 assists et 1,3 steals sur la série.
Après cinq saisons dans la franchise du Massachussetts, Glenn Robinson et son lieutenant Allan Houston ont un bilan de 5 bilans à 42 victoires minimum, 4 qualifications en playoffs, mais une seule série remportée en 5 ans. C’est le moment choisi par le GM des Celtics pour échanger son duo, dans l’optique de récupérer une superstar : Kobe Bryant ! La jeune star de Toronto est incapable de s’entendre avec Nick Van Exel et Tim Duncan, et elle est mise sur le block par Guigui, son GM. Il sera tradé lors de l’été 2000. Toronto perd le meilleur joueur du deal, évidemment. Mais il perd un jeune joueur avec un boulard monstrueux, qui ne mènera les Celtics qu’à une reprise en 4 saisons. Toronto a récupéré deux joueurs approchant la trentaine, mais se connaissant parfaitement, et densifiant les lignes extérieures pour former un quatuor très talentueux. Le cinq majeur est complété par Dikembe Mutombo et Vlade Divac, 35 ans passés mais du talent et de l’intelligence de jeu à revendre, qui sont arrivés lors de la Free Agency. Toronto sort d’une saison à 54 victoires et une finale de conférence perdue 4-1 face aux Sixers, et aspire à mieux en cette saison 2000-2001.
Collectivement, la saison est une réussite totale pour les Toronto Raptors, qui vont gagner 11 victoires de plus que la saison passée pour se hisser à la 2ème place de la Conférence Est avec 65 victoires. Tim Duncan est toujours autant monstrueux, Nick Van Exel peut se concentrer sur la création et conserve son titre de meilleur passeur de la Ligue avec une avance de près de 2 assists Jason Kidd. Quant à Allan Houston et Glenn Robinson, ils sont réguliers au scoring, autour des 15 points pour le premier et des 20 pour le second. Mi-janvier, Glenn Robinson se blesse à la cheville et va manquer presque deux mois de compétition, ce qui le privera du All-Star Game, mettant également un terme à une série de 513 matchs disputés consécutivement, qui faisait de lui l’un des Ironman de la Ligue. Ni All-Star Game, ni All-NBA Team, mais une position principal outsider pour le titre. Les Bucks de Dirk Nowitzki et les Hornets de Kevin Garnett ne prendront chacun qu’un match aux Raptors, qui retrouvent pour la 3ème fois consécutive les Sixers en finale de conférence. Mais les deux précédentes fois, ils n’avaient pas Glenn Robinson et Allan Houston, qui ont eux aussi perdus deux séries contre le Shaq, mais qui ont l’habitude de briller contre la cité de l’amour fraternel.
La série est l’une des plus incroyables de l’histoire NBA. Il faudra 6 matchs pour départager les deux franchises. D’un côté, les doubles champions en titre, portés par le meilleur joueur de l’histoire, mais avec un supporting cast vieillissant. De l’autre, les Raptors en quête d’une première finale NBA, seulement 6 ans après leur création. Dès le premier match, les Raptors réalisent la surprise en s’imposant de 7 petits points chez les Sixers ! La réponse du Shaq ne se fait pas attendre : 46 points, 15 rebonds et 4 blocks dans le Game 2, pour revenir à 1-1. Puis vient le Game 3, probablement le plus grand match de ces 20 dernières années, et l’un des plus grands matchs de l’histoire. Au terme de 58 minutes d’effort, c’est Toronto qui reprend l’avantage dans la série, après une victoire 149-148 en double overtime, sur un game winner de Nick Van Exel ! Glenn Robinson pèsera énormément sur le match, avec 28 points, 6 rebonds et 4 assists, dans ce qui marque le tournant de la série. Epuisé, le Shaq et ses coéquipiers lâchent assez vite le Game 4. Néanmoins, la série n’est pas finie, et elle est même totalement relancée avec la blessure de Tim Duncan dans le dernier QT du match. Philly remportera le Game 5, et Toronto perd dans la bataille Dikembe Mutombo, et c’est tout Toronto qui claque des dents, tétanisés à l’idée de perdre une série qu’ils menaient 3-1, mais qu’ils doivent conclure sans leur raquette titulaire. Mais Glenn Robinson a déjà prouvé qu’il pouvait être un leader, un mâle alpha. Et ni lui, ni son compère de toujours Allan Houston, ni la franchise des Raptors n’acceptent de s’incliner une 3ème fois face au Shaq. Malgré ses 52 points et 17 rebonds, ce dernier est obligé de baisser les armes derrières les 37 points de Glenn Robinson, les 29 points d’Allan Houston et les 24 points et 16 assists de Nick Van Exel. Le collectif de Toronto a fait plier le Shaq, double champion, et qui a tourné à plus de 45 points et 15 rebonds de moyenne. Les Raptors sont en finale, mais sont diminués. Dikembe ne reviendra pas avant trois semaines au mieux, Tim Duncan espère revenir au Game 3 à Toronto. Sans sa raquette, Toronto va perdre de plus de 20 points le premier match de son histoire en finale NBA, et va s’incliner dans la dernière minute au Game 2. Pas le droit à l’erreur au Game 3, mais derrière un trio Duncan / Houston / Robinson à plus de 25 points chacun (dont Glenn Robinson, meilleur scoreur d’un match de playoffs avec 33 points), Toronto revient dans la partie. Et revient même à égalité avec un succès en overtime dans le Game 4, où Glenn Robinson a été clutch avec 7 de ses 22 points dans le temps supplémentaire. Hélas, pour leur dernier match à domicile, les Raptors vont craquer face à un Jason Kidd intenable, et ce sont les Scorpions qui retournent à Las Vegas en menant 3-2. Ils finiront le job, malgré les 34 points de Tim Duncan et les 30 points de Glenn Robinson. Ce dernier a explosé aux yeux de beaucoup de monde, avec près de 25 points, 8 rebonds et 4 assists de moyenne sur les finales de conférence et finales NBA. Mais ça ne console pas The Big Dog, en larmes lors de la cérémonie protocolaire.
La saison 2001-2002 n’est pas aussi bonne qu’espérée, la faute au poste de pivot où Mutombo et Divac n’ont plus le physique nécessaire pour la NBA, mais également aux blessures répétées d’Allan Houston, de Tim Duncan et de Nick Van Exel, qui se succèdent à l’infirmerie. Pas Glenn Robinson, qui joue les 82 matchs pour 23,0 points, 7,5 rebonds et 3,4 assists de moyenne. Une saison régulière récompensée d’une place au All-Star Game et en All-NBA Third Team. Et alors que les Sixers ont laissés leur place de meilleure franchise de l’Est, les Raptors ne parviennent pas à s’en emparer. Ils ne finissent que 4èmes de l’Est avec seulement 50 victoires. Au premier tour, ce sont les Bucks de Dirk qui veulent leur revanche. Et ils vont l’obtenir, face à des Raptors privés d’Allan Houston et avec un Nick Van Exel diminué, dans une série qui ira en 7 matchs. Dirk sera énorme et va tenir tête à Tim Duncan. Glenn Robinson va être énorme avec 27,1 points, 5,9 rebonds, 2,9 assists et 1,1 steal sur la série, avec en prime un game winner au Game 5, mais ce sont les Bucks qui passent en demie.
L’année suivante, Toronto est épargné par les blessures, et va chercher 58 victoires en saison régulière, le 2ème total de l’Est derrière les Knicks, grands favoris de leur conférence. A titre individuel, Glenn Robinson est All-Star, et All-NBA Third Team. Clin d’œil du destin, les Raptors affrontent au premier tour Boston, l’équipe d’un certain Kobe Bryant. Contre son ancienne franchise, Glenn Robinson ne va pas faire dans la dentelle avec sa série la plus aboutie à titre individuel : 6 matchs à plus de 25 points, dont 4 à plus de 30, et une pointe à 41 points. On peut noter également 4 double double, ainsi qu’un game winner au Game 4 pour s’assurer une fin de série plutôt tranquille. Il réalise même son seul triple double en playoffs avec 33 points, 12 rebonds et 10 assists dans le Game 6, où il sera ovationné par le TD Garden dans la dernière minute, en hommage à ses 5 années passées à Boston. Tout en contraste, la série contre Chicago en demie tourne au calvaire pour The Big Dog, totalement dominé par un Cedric Ceballos vieillissant mais toujours très malin, dans un style de faux-lent que ne supporte pas Glen Robinson. Mais Tim Duncan est trop forte pour la raquette de l’Illinois, et Toronto s’en sort 4-2 malgré une série ignoble de son ailier. Et finale, les Raptors affrontent les Knicks d’Elgobi, qui ne chokera pas cette fois-ci et passera sans trembler pour atteindre les finales NBA : le score est sans appel, 4-1 Knicks. Les Raptors auront à peine réussi à sauver l’honneur…
C’est le chant du cygne pour les Raptors, qui ne parviendront plus à lutter avec les autres franchises de l’Est. En 2003-2004, date du dernier All-Star Game pour Glenn Robinson, les Raptors attendront la dernière journée de saison régulière pour se qualifier en playoffs. Seulement 8èmes, il se font sweeper sans ménagement par les Wizards au premier tour. Rebelote l’année suivante, avec une 7ème place et un nouveau sweep subi, cette fois-ci face aux Pistons. C’est la fin de l’aventure Toronto pour Glenn Robinson, qui sera tradé après 5 belles saisons. La contrepartie montre tout du niveau qu’est celui de Glenn Robinson, qui a maintenant 32 ans : Kendrick Perkins + 1st pick 2007. Direction Miami pour The Big Dog, qui réalise sa pire saison régulière en carrière avec seulement 16,6 points, 5,5 assists et 2,0 assists. Son apport en playoffs est anecdotique, avec 12,3 points à 36,9% sur les 11 matchs de la campagne de playoffs de Miami, qui s’achève par une défaite 4-2 contre Indiana. Glenn Robinson va ensuite être envoyé à Golden State, où il va sortir du cinq majeur lors de sa 2ème saison dans la Baie, et où il va passer sous la barre des 10 points (9,4 points en 2007-2008). Free Agent, il signe à Atlanta, pour une saison anecdotique et se blessera durant les playoffs. Il signe ensuite à Toronto, qui en 4 ans est redevenu une place forte de l’Est, mais il ne joue que 54 minutes sur les 17 matchs joués par Toronto en postseason. Une dernière saison en Floride, à Orlando cette fois-ci, et Glenn Robinson annonce sa retraite après une fin de carrière indigne du joueur qu’il a été.
Car oui, Glenn Robinson a été l’un des meilleurs ailiers de la Ligue pendant près d’une décennie. De sa Draft en 1994 à sa dernière saison aux Raptors en 2005, Glenn Robinson a tourné à plus de 22 points, 6,5 rebonds et 3 assists de moyenne, et a été récompensé de 6 sélections au All-Star Game et 3 places en All-NBA Team. Collectivement, il compte une finale NBA, mais aussi deux finales de conférence, une demie et 6 éliminations au premier tour, pour seulement 2 absences de postseason en 11 ans. Avec un total de 23 350 points, il est dans les 40 meilleurs scoreurs de l’histoire. Il faut également rajouter ses 7 490 rebonds (Top 100 All-Time), ce qui fait de lui le 12ème meilleur rebondeur sur les lignes extérieures. Il compte également 3 583 assists (Top 15 All-Time), 1 209 steals (Top 100 All-Time) et 447 contres. Adepte du shoot longue distance, il est dans les 20 scoreurs les plus prolifiques à 3-points (1 535 3-points inscrits). Athlète infatigable, il est dans le Top 20 au nombre de matchs joués (1 349 matchs) et dans le Top 50 au nombre de minutes jouées (39 793 minutes). Membre très marquant de la première ère dorée des Toronto Raptors, il a son maillot retiré au plafond de la Scotiabank Arena. Il n’a pas attendu longtemps pour se reconvertir dans le coaching, direction son ancienne université de Purdue, où son plus jeune fils Gelen Robinson évolue, mais au sein de l’équipe de football américain. Il attend patiemment son heure pour aller chercher la bague NBA qui manque tant à son palmarès, dans le costume de coach cette fois-ci. En attendant, bonne intronisation au Hall of Fame Big Dog !
Bravo, beau travail sur un joueur que j’apprécie. Le récit est proche de la réalité parfois, c’est à s’y méprendre ! Au moins, en IRL, Big Dog aura été champion avec les Spurs en 2005👍.
Super article merci. Très sympa à lire.